PAUVRES PÊCHEURS (Ghazel)
PAUVRES PÊCHEURS
Ne dites plus à mère, en cette aube morose,
Combien Éole fou bombarde son grain noir
Ensilé dans la nue, et passe au laminoir
Les pêcheurs fatigués, sur les ponts qu’il arrose !
En perdant toute ardeur, son chapelet va choir
Quand ses fils tomberont, peut-être, un jour dans l’onde,
Lorsque les gens pieux prodigueront l’espoir.
Mais ils quittent ensemble une terre inféconde
Où la maigre culture affame l’habitant
Qui regarde, au retour, les poissons miroitant,
Divine manne offerte à l’infortuné monde.
Leur survie est pendue au bout d’un cabestan.