
DUNES
Aux sèves d’ambre et d’or des oasis de lumière,
Lovés au creux de vos silences,
Vos corps de sel aux embruns d’ocres et de feu,
Chair pulpeuse de fruit mûr,
Frissonnent vers l’impalpable du rêve
Sous la harpe étoilée des vents bleus du désert.
Et vos souffles, jusqu’aux arômes du temps,
Sous les mantes rougeoyantes des ciels d’été
Essaiment les goûts sauvages de l’écume enlisée.
Aux laines vives des manteaux d’aurore,
Les poussières de lune tissent les mâts rosés
De vos grands lits d’ivoire.
Et dans vos vagues chaudes,
S’épousent des fleurs de sable
Sous l’étreinte moirée des soleils ondulants
Jusqu’à l’extase sublimée,
Jusqu’à l’onde mythique craquelée d’azur.
Et vos flots crépitants
Dans cet océan de murmures où se fige la vie,
Dansent au pourpre des limons,
Dénouant leurs chevelures de braise
Dans la blondeur charnelle enlacée,
Abreuvant les jarres des puits oubliés
Aux sources du Monde…
Anne-Marie Vergnes

Vertige
Comme Phénix aux ailes de feu
Tu inondes le ciel de ta lumière
Pareille à cet oiseau fabuleux
Tu décores les nuées de tes éclairs
Te rapprochant plus encore des étoiles
Tu dardes l'espace de tes flammes dorées
Jetant sur le monde un étincelant voile
Illuminant ainsi océans et vallées
Maîtresse éternelle de mes nuits
Que tu embrases de tes chaudes couleurs
J'aime te voir danser avec la pluie
Dont chacune des gouttes reflète tes rougeurs
Pyromane de la voûte céleste
Et de toutes les terres où se fige
Ce que tu frappes, comme la peste :
Ô toi Fulgure, qui me donnes le vertige !
Lorsque j'observe les gerbes que tu lances
Tel un ardent soleil projetant ses rayons
Au milieu des nuages qui s'avancent
Au-dessus d'un monde... en perdition !
Richard MAGGIORE

Bien le bonjour l'artiste
Le bel astre du jour dans mon oeil s'incrustant,
Un savant médecin je m'en vais consultant,
Heureusement chaussé de ses lunettes noires,
Il s'empare aussitôt de ses fameux grimoires,
Ecoutons bien l'avis du sage praticien
Avec la ferveur d'un rigoureux cistericien.
« Mon ami, me dit-il, un peu de patience,
Et ne faites pas fi de ma vaste science,
Je n'ai jamais rien vu d'aussi blond et vermeil
Logé dans un regard : ce rayon de soleil ! »
Le docteur courageux se mit alors en quête,
D'en faire sans tarder sa plus belle conquête.
En extrayant hélas cet astre radieux,
Foudroyé sur le champ, il monta dans les cieux.
S'il vous arrive aussi, de voir cette lumière
Dans le fond de votre oeil, nul besoin d'infirmière,
Demandez au soleil d'entrer dans votre coeur
Pour bien le colorer, aux teintes du bonheur,
Accueillez le toujours comme un bon aubergiste,
En lui disant heureux : bien le bonjour l'artiste !
Georges Lafon