AUX POÈTES DITS MODERNES
Sonnet
AUX POETES dits « MODERNES »
Composer un poème en fuyant le « clou d’or »*
Semble, aux yeux de l’esthète, une suprême offense !
Cet écrit à la hâte et sans moindre influence
Hélas! n’est qu’une prose au nébuleux décor.
Le sonnet veut offrir un charmant quatuor**
Sans l’âme musicale, il voit sa décadence,
On ne pourra l’absoudre, aussi, lorsque j’y pense,
L’auteur n’a qu’un recours : l’humble confiteor…***
Mon vieux dictionnaire aux feuillets défraîchis
Prétend que, sans rimer, véritable gâchis,
Nos versets orphelins sont appelés massacre !
Alors, rimons toujours « Plus forts que les airains »****
Héritiers d’un joyau, respectons-en le sacre
Car « Seuls demeureront tant de vers souverains »*****
Mireille TURELLO-VILBONNET
* Le sang de la coupe (Théodore de Banville)
** 4 strophes
*** « Je reconnais devant mes frères que j’ai péché…. »
**** L’Art (Théophile Gautier)