Un espoir en automne
Je vois hélas poindre l'automne,
Les feuilles se revêtent d'or,
L'été soudain nous abandonne,
La forêt change son décor.
Même l'azur se démantèle,
Il ne retient des souvenirs
Que notre amour, si peu fidèle,
Voici le temps des longs soupirs.
La sève fuit, elle profane
Les végétaux fous de stupeur,
Mais l'espoir vient en filigrane,
A la lisière de mon cœur.
S'estompe alors l'ombre du doute,
Dans mon hiver naît l'arc en ciel,
J'oserai donc prendre la route,
Pour une autre lune de miel.
Georges Lafon



NOVEMBRE
Ce jour, Novembre a revêtu
Son grand manteau d’ardoise,
Au bord des labours nus
Un peuplier pavoise.
Comme poignées d’écus
Les feuilles d’or crépitent,
Sur l’eau grise des rus
Quelques reflets palpitent.
La pluie s’en est venue
En longue ondée sournoise,
Ce jour Novembre a revêtu
Son grand manteau d’ardoise.
Jacqueline ESCORIHUELA

PAYSAGE D'AUTOMNE
Rien ne vaut en automne
Sous un ciel lumineux
Chênes et résineux
De ma terre gasconne...
Au loin sur la colline
Roussâtres et sereins
Surveillant le bon grain
Les chênes dodelinent...
Ces sentinelles-là
Soupçonneux se tracassent
Car quelques pies jacassent
Et picorent déjà...
Les sapins verts bleutés
De lumière étincellent :
Réjouis ils recèlent
Des Noêls enchantés !
Arbres équilibrés
Projetant sur les rives
Des ombres qui dérivent
En contours acérés....
Germaine CARTRO




LE PRINTEMPS DE L'HIVER
Vous êtes tous les trois
Partis un jour d'automne
M'imprégnant chaque fois
D'un chagrin monotone.
Vous vous étiez enfui
Sur ces îles exquises,
L'automne avez-vous fui
En allant aux Marquises ?
Avec amusement
Votre âme de poète
Fit joyeux testament
Sur la plage de Sète.
Le piano s'est tu
Sous le glas qui résonne,
"Dis, quand reviendras-tu ?"
Souvent mon cœur chantonne.
Au printemps de l'hiver
Voici plusieurs années,
Pour moi c'était hier,
Les fleurs se sont fanées.
Dominique KIRCHNER



FEUILLES...
Hier mon arbre perdit ses feuilles,
Ses larges feuilles de mûrier,
D'un vibrant jaune ensoleillé :
Et depuis mon mûrier s'endeuille...
Sur ses fines tiges d'acier
Ne subsistent que quelques feuilles
Que le vent des autans effeuille
Un peu, beaucoup, sans y penser...
Ses feuilles reçurent l'ondée
Et contemplant le blond linceul
Qui leur servira de cercueil,
Elles pendouillent, désolées...
Les feuilles s'ajoutant aux feuilles
En un frais tapis sous nos pieds
Viendra le printemps y germer
En un fertile humus de feuilles...
Que nous reviennent nos printemps,
Nos automnes aux rousses feuilles ;
L'hiver transcendera nos feuilles :
Nous nous réveillerons contents !
Germaine CARTRO




NUIT D'AUTOMNE
Le soleil s'est caché. Le bleu soir indigo
Balance sa nacelle au vent qui se promène ;
S'emmitoufle la lune en son écharpe blême,
Elle pare la nuit de son discret halo...
Un hibou dans sa cache ulule incognito ;
L'enfant émet un voeu qu'il ajoute au barème ;
Des poussières d'or dessinent un trirème
Qui figurent l'espoir d'un rare Eldorado.
La feuille, en un soupir s'agenouille : silence !
L'automne l'a parée au seuil de son départ ;
Son fourreau frissonnant attire le regard :
Un farfadet épris goûte sa rutilance..
La dernière rose à l'air affable et doux
Parfume le jardin d'une ultime fragrance,
Que capte le zéphyr en sa désespérance ;
L'éclat du ver luisant cligne de l'œil, jaloux...
Germaine CARTRO le 23 07 2005




NOVEMBRE
(Gérardine)
MUSE PRENDS-MOI LA MAIN POUR TRAVERSER LA NUIT.
Le pourpre du coteau que le ciel abandonne
Tente de retenir le moineau qui s’enfuit
Au bocage défunt, reste la belladone,
Bouquet opiacé dont l’odeur nous poursuit.
Carrefour invisible où le temps se cramponne,
Dans ce mois scorpion, souffle un vent scélérat.
La chaleur, infidèle, a déserté, friponne,
Le jardin s’étiole et perd son apparat.
En l’incarnat trompeur de cette saison morte,
Venant à mon secours, dans ce parcours ingrat,
Un poème amical souffle devant ma porte.
Sur la vague des mots, quand la gaieté me fuit,
Afin qu’un vers joyeux puisse me faire escorte,
MUSE PRENDS-MOI LA MAIN POUR TRAVERSER LA NUIT.
Mireille TURELLO-VILBONNET


TOUSSAINT
Qui nous délivrera des matins gris d’automne ?
Novembre anéantit les petits mots-vitrail
Et le fil du silence où le chagrin frissonne
Ride, de nos pensers, le sinistre attirail.
L’étoile disparaît au fil des heures sombres,
Dans les flaques du temps, la mémoire s’endort.
Le désir de poème au milieu des décombres
Semble s’évanouir en évoquant la mort.
Sous l’encre de l’ennui l‘indigente voyelle
Appelle la consonne en voile d’apparat.
Niant le désespoir, la rime alors rebelle
Retrouve, pour sa danse, un nouvel entrechat.
Les chansons de jadis font reculer l’angoisse
Dans la vieille forêt d’images en sanglots.
Sur le buvard du ciel s’enfuit l’ombre rapace
Remettant en lumière Arlequins et Pierrots.
Hélas ! l’illusion tellement éphémère
Qu’efface brusquement la pluie en petit grain
Fait renaître, affligée, une noire chimère
De souvenirs trop vifs d’où jaillit le chagrin.
Mireille TURELLO-VILBONNET




CRÉPUSCULE
Par les beaux soirs d’octobre au ciel immense et gris,
Quand le déclin du jour hésite au bord des terres
Et que la nuit suspend l’envol des noirs esprits,
L’espace ouvre son vide aux innocents mystères
Des songes où se plaît le cœur le mieux compris.
La brise tendrement brasse en vagues légères
Des fantômes frileux comme un retour d’exil,
Des spectres incertains, des formes éphémères,
Que l’on sent près de soi flotter, peuple subtil :
On dirait qu’empêtré de leur foule confuse,
Demain cherche à tâtons dans hier son profil,
Tandis que l’ombre lente au chagrin se refuse ;
On sourit à l’écho de bonheurs défleuris
Qui s’éparpille, grêle, en son de cornemuse,
Par les beaux soirs d’octobre au ciel immense et gris.
Marie-José BERTAUX




Si l’automne…
Si l’automne ternit tous nos beaux jours passés
Jusqu’au pénible hiver qui ruine nos heures,
Se peut-il que la mort discrète en son palais
Nous enchaîne à sa cause en d’ultimes demeures ?
Pas si sûr ! Je le crois, nos voix intérieures
Toutes supplient depuis de l’éloigner un temps.
Tôt… elle s’en viendra, certes, à nos dépens,
Longuement chuchoter à nos âmes bien vieilles,
Je l’entends, je le sais, en des pas de brigands,
De mettre terme un jour aux longues nuits de veilles.
Pierre GABARRA