LE 23 JUIN À SORÈZE
En petit nombre mais en échanges chaleureux, nous avons passé un bel après-midi - comme il se doit !
La table des auteurs. |
Les amis du jour. |
Marie-Andrée Balbastre, de trois-quarts... |
... ou à contre-jour. |
Notre rencontre s'est déroulée harmonieusement, par la lecture d'extraits de "Bleu nuit désir","Duettissime" et "Sur chant d'étoiles" entrecoupée par les ballades chantées de Marie-Andrée sur les thèmes de l'Occitanie, de l'amour, de l'enfance et 'J'ai mal de toi", dédié aux maux du monde et de notre planète, thèmes constituant les quatre chapitres de son recueil.
Bien sûr, la scène ouverte n'a pas manqué d'inspirer nos visiteurs, même Anne et Tim, Américains en séjour à Sorèze, qui ont eu plaisir à s'essayer, avec succès, à la lecture du français -, avant, comme à l'accoutumée, de se consacrer aux rafraîchissements qui prolongèrent agréablement nos propos.
Lecture par Nathalie Roussel, journaliste pour La Dépêche. |
Anne Subercaseaux. |
Bruno Gelli. |
Guy Carlier. |
Tim Walters
|
Toute au bonheur de vous recevoir.
|
Texte et photos : Roselyne Morandi
DEUX CONCOURS
TOURNEFEUILLE 15 JUIN
Un après-midi ensoleillé... par la poésie!
Comme en septembre dernier et toujours sur l'initiative de Mme Dubois et de son fils, la Résidence d'Oc, de Tournefeuille, nous accueillait ce samedi un peu gris du 15 juin pour des lectures, des récitations, de la musique. La recherche passablement laborieuse d'une place où garer sa voiture et le transport du piano n'empêchèrent pas les poètes d'être ponctuellement à pied d'œuvre, avec armes et bagages, autrement dit leurs propres œuvres et des textes de leur choix.
En ouverture de la séance, Laure Gardel-Dubois interprète un prélude de Bach.
Marie-José Bertaux propose un poème sur le coq de Notre-Dame sauvé des flammes, avant d'enchainer avec deux rondeaux, puis des poèmes d'Aragon, d'Apollinaire et de Baudelaire. |
Richard Maggiore a choisi des textes de Jacqueline Escorihuela, Georges Lafon, Marie Attela, Gérard Pinson, tous membres présents ou passés de la délégation Midi-Pyrénées. |
Aline Muscianisi lit son poème sur la beauté, thème du Printemps des poètes, mais aussi L'Isolement de Lamartine et La courbe de tes yeux... d'Éluard. |
Laure Gardel-Dubois non seulement dit de mémoire, mais encore joue du La Fontaine, et invite le public à finir les vers bien connus. |
Olivier Gardel-Dubois rend hommage aux très grands: Apollinaire et son Pont Mirabeau, Victor Hugo sûr que ses poèmes abattront Napoléon le Petit comme Josué a renversé les murailles de Jéricho en faisant sonner les trompettes... |
...et encore La Fontaine, en duo avec Laure, avant d'expliquer comment, selon Prévert, faire le portrait d'un oiseau. |
Bon sang ne sachant mentir, Élise Gardel-Dubois célèbre à son tour Rimbaud et La Fontaine. |
|
Les friandises du goûter, offertes par la maman d'Olivier, sont gracieusement présentées par les "demoiselles de service" bénévoles. |
Organisateurs et poètes se réjouissent d'avoir partagé de beaux textes avec un public heureux de les entendre.
|
Photos: Richard Maggiore, Aline Muscianisi, Blanche Gardel-Dubois.
ECHOS DU CONCOURS
* Dépêche du Midi, édition Toulouse ouest, 17 juin 2019
* Petit journal de l'Aveyron, 13 au 19 juin 2019
* Petit journal du Pays toulousain, 7 au 13 juin 2019
* Petit journal du Lot, 6 au 12 juin 2019
* Petit journal du Tarn-et-Garonne, 6 et 7 juin 2019
* Dépêche du Midi, édition du Tarn-et-Garonne, 6 juin 2019
NOUVELLE PRIMÉE EN 2019
BLEUET SAUVAGE
NOUVELLE
Une vie pour une vie.
En ce matin d'octobre, un nuage de rosée s'étendait sur la plaine.
Levé bien avant le jour, Francis marchait depuis une bonne heure lorsque les premières brumes s'élevèrent, enveloppées d'une clarté naissante. Seul, au milieu de cette nature préservée, il se sentait libre. La fraîcheur de cette matinée d'automne le revigorait.
Couvert de son treillis de chasse, il ne craignait nullement l'humidité ambiante. Ses bottes foulaient des graminées encore vertes. Les toiles d'araignées accrochées aux plantes et brindilles tremblaient à son passage, laissant perler les gouttes qu'elles retenaient. Les joyaux suspendus aux herbes ainsi qu'aux branchages créaient un spectacle féérique. Le promeneur se mit à imaginer des sylphides dansant au clair de lune et flottant dans l'air. Fraîches et pures demoiselles, esprits voltigeant vêtus de gaze transparente et légère. Le lieu se prêtait à la rêverie.
Il avançait à grandes enjambées silencieuses ; carabine et canne de Pirsch en bandoulière.
Il surprit lièvres et garennes batifolant dans les espaces dégagés. Les mères surveillant les jeunes de l'année se dressaient à son arrivée et donnaient aux petits le signal de la fuite.
Le chasseur les contemplait, amusé. Il pensa à sa femme Claire que ces scènes auraient attendrie. Depuis quelques semaines, elle ne l'accompagnait plus, mais refusait que son mari se prive de sa passion, même momentanément.
La vallée qu'il longeait s'avérait giboyeuse. Son regard affûté comme le couteau fixé à sa cuisse perçut la pointe des oreilles d'un renard roux dissimulé dans la végétation. Il s'arrêta, voulant profiter du tableau. Le carnivore occupé à muloter ne l'avait pas entendu. Visiblement aux aguets, il se déplaça à pas feutrés avant de se ramasser sur lui-même. Puis, tel un ressort, il bondit à la verticale pour retomber sur le rongeur qui trottinait, ignorant le danger. Repas dans la gueule, le canidé s'apprêtait à décamper lorsqu'il prit conscience d'une présence. Les deux prédateurs s'observèrent quelques secondes puis, rassuré par le calme de son spectateur, le renard fit demi-tour, gambadant vers son terrier.
Francis reprit sa marche tranquille. Une rivière sauvage traversait le domaine qu'il parcourait. Dans le lointain, deux versants boisés en fixaient les limites visuelles. La configuration et la biodiversité permettaient d'y chasser le petit gibier tout autant que le grand, en battue ou en approche.
Il préférait la seconde méthode, plus respectueuse de la proie. L'humain contre l'animal.
Dans la matinée, aux abords du cours d'eau il fut témoin d'un mouvement dans les fourrés. Abrité par le tronc d'un chêne, il ajusta ses jumelles et chercha la cause de l'agitation. Le feuillage frissonnait, des branches mortes craquaient. Entre les arbres toujours garnis de verdure, il aperçut une harde. Des biches pour certaines escortées de leur faon ruminaient tranquillement. À distance, un second groupe composé de hères et de daguets allait et venait sous le couvert.
Francis sentit son sang bouillonner. Le grand mâle ne devrait pas être loin.
Ses amis lui avaient signalé le douze cors dans le bois du haut, mais peut-être en avait-il été exclu par un adversaire robuste ce qui expliquerait qu'il se soit réfugié dans la plaine.
Un brame sonore retentit immédiatement suivi d'une cavalcade. Pourtant, la saison des amours était close, les dominants s'étant entourés d'une troupe de femelles qu'ils gardaient jalousement, éloignant les autres prétendants. Le connaisseur décela un cri de défi, véritable provocation. Il s'agissait bien de cela. Un jeune cerf portant ses surandouillers déguerpissait devant le chef incontesté. L'intimidation avait suffi. Les braillements cessèrent. La quiétude revint.
Le chasseur expérimenté avait eu le temps de détailler le leader. Il identifia un dix cors jeunement. Les balafres laissées par les affrontements prouvaient sa détermination à défendre son territoire et son troupeau.
L'homme ne put réprimer une grimace de dépit. Certes, l'épisode auquel il avait assisté l'avait enchanté, mais il avait espéré se trouver face à celui qu'il traquait depuis deux ans. Il contourna le clan par un large détour afin que son odeur n'effraie pas les bêtes. Il lui faudrait donc poursuivre jusqu'au bois pentu pour avoir une chance de repérer le gibier convoité.
Vers dix heures, le soleil dardait ses rayons obliques sur une terre encore humide. Tout bruissait de vie. L'eau clapotait dans son lit, les insectes bourdonnaient pompant l'ultime nectar, les oiseaux pépiaient.
Francis s'approcha de la berge. L'été s'était montré sec et les pluies tardaient à regonfler le niveau des nappes phréatiques. Il découvrit un gué emprunté par la faune et transformé en souille, à voir les nombreuses empreintes d'ongulés. L'endroit fournissait les preuves d'une fréquentation assidue. Plutôt encourageant.
Il s'offrit une pause. Assis, dos calé contre un bloc rocheux, il finissait un frugal encas lorsque son attention fut attirée par une nuée de rapaces tournoyant à trois cents mètres de sa position. Un comportement de charognards. Il se remit en route et comprit la raison du ballet aérien. Le cadavre d'un huit cors gisait dans l'herbe, à demi déchiqueté. Avait-il défié plus fort que lui ? Les ramifications de ses merrains servaient désormais de perchoirs aux intrépides bestioles. S'il avait combattu pour le droit de transmettre l'existence, c'est la mort qu'il avait récoltée.
À proximité d'une parcelle de feuillus attenante à la colline dite du bois du haut, le chasseur trouva des rameaux bas dépourvus de pousses, broutés. Tous les sens en alerte, il déchiffra les indices en gravissant le coteau. Les signes dénonçant l'animal se multiplièrent. Ici, de l'écorce griffée arrachée par le frottement des perches. Là, une touffe de poils agrippés dans un taillis. Là-bas, des marques récentes : quatre doigts ongulés, un pied rond et fort, des pinces et côtés usés, des os rapprochés du talon, une sole sans creux, une allure élargie. Un relent de musc. Aucun doute n'était possible. Un cerf âgé hantait cette zone.
Avec d'infinies précautions, le traqueur se laissa guider par les traces parsemées de fumées. Les excréments trahissaient le cervidé. Il le pista jusqu'à une clairière et se positionna sous le vent. Caché par la frondaison, les tempes battantes, il admira la largeur du chandelier, la forme doigtée des empaumures et les andouillers de massacre pointus comme des dagues. Il reconnut le douze cors - son douze cors - à la cicatrice qui balafrait le poitrail. Il pesait bien deux cents kilos avec une hauteur d'un mètre quarante au garrot. Il le savait dangereux. N'avait-il pas chargé son père voilà deux ans, le blessant mortellement bien que celui-ci l'ait repoussé de son poignard ?
La vengeance prenait corps. Il se voyait déjà disposer la brisée de dernière bouchée.
Le télémètre pointa cent soixante mètres. Portée optimale.
Le téléphone mobile vibra au fond de sa poche. Il n'en eut cure. L'instant ne se prêtait pas à la discussion.
Le chasseur choisit de caler son arme sur une branche épaisse. La lunette parfaitement réglée lui présenta le mammifère pâturant de face paisiblement. Une femelle fit obstacle. Il s'en agaça. Déférent de l'usage, il voulait tirer une balle propre. Il attendrait d'en avoir l'occasion. Il leva son fusil et jeta un rapide coup d'œil sur le message reçu. Il en parut abasourdi et heureux à la fois.
Perdu dans ses pensées, il réajusta sa cible. La vue se trouvait maintenant dégagée ; le mâle arrêté, de biais.
Francis visa le cou, l'index sur la détente, prêt à déclencher le tir mortel.
Il resta ainsi un moment, puis...
– Bang ! hurla-t-il en gesticulant d'importance.
Toutes les bêtes s'enfuirent, surprises par le son inattendu. Un formidable tohu-bohu dans les broussailles. Le cerf galopa à toute vitesse pour se dissimuler dans de profonds fourrés.
– Je te gracie, cria l'homme, les mains en porte-voix.
Visage serein, souriant, il arrangea son matériel sur ses épaules et redescendit dans la vallée.
Plusieurs fois en chemin il relut le texte, source d'apaisement et d'un élan du cœur :
« C'est un garçon ! »
REMISE DES PRIX 2019
Un bon cru
La participation à notre concours 2019 avait tout pour nous satisfaire, comme l'ont rappelé les intervenants: 137 concurrents, dont certains venaient d'au-delà de nos frontières, et de beaux textes, dont la lecture baigna de poésie - comme il se devait - la distribution des récompenses.
Après le repas partagé au Jardin des thés, sur la place Saint-Georges, après quelques échanges amicaux, après les discours du représentant de la mairie de Toulouse, de la présidente de l'association Philémon, du coordinateur de la S.P.A.F. Midi-Pyrénées, vint le moment attendu.
M. André Pélisséro, Grand Prix, reçoit la médaille de la ville de Toulouse des mains de M. Samir Hajije, représentant de M. Moudenc, maire de Toulouse. |
La médaille, qui présente sur son avers des monuments toulousains, a reçu au revers la gravure du nom du lauréat. |
C'est pour avoir été primé dans trois catégories différentes (sonnet, poésie classique, poésie libérée) qu'André Pélisséro a obtenu la médaille de la ville. Il nous a également prouvé l'excellence de sa mémoire en disant, pour notre plaisir, une tirade sur l'accent (méridional, évidemment).
|
Sylvie Raymond est une abonnée de notre palmarès. Cette fois elle obtient deux récompenses.
|
Comme il n'est guère possible de lire les nouvelles, votre blogueuse a dû s'improviser (sur ordre!) intervieweuse... |
On peut lire ici la nouvelle Une vie pour une vie, couronnée par le premier prix de sa catégorie. |
Les "officiels": l'organisateur du concours, le représentant de la municipalité, la présidente de Philémon, le coordinateur de la S.P.A.F., et les membres du jury... |
... que viennent rejoindre les lauréats. |
Photos : R. Maggiore, M. Saint-Blancat et un aimable spectateur.