COLÈRE
Colère
Dans les méandres de mon ventre, sourde Colère
Dans mes tripes, tortueuse Colère
Labyrinthique Colère, où je me perds.
Venant de l’intérieur, des objets pointus
Me pourfendent et m’écorchent
Surtout, que personne n’approche !
Ma Colère dangereuse tue.
Elle blesse, elle assassine
Fait de moi, sa première victime.
Querelles intestines entre moi et moi-même
Elle est là, la Colère, et je suis en guerre.
Colère métallique, mécanique infernale
Comment sortir de ce dédale ?
Je me taillade, je me condamne
Me passe sous le fil des lames.
Me coupe, me dissèque et me perce
Dans mon odeur de sang, je me dépèce.
Ainsi à vif, je m’offre à la Colère
Comme sur l’autel d’un sacrifice.
Qu’importe, je suis déjà morte à l’intérieur
Consumée par l’acide, cuite dans ma bile
La digestion des Dieux sera facile.
Oh la douleur troublante
Et la souffrance lente
Dans mon cœur…
Les fers chauffés au feu, rouges et anthracites
Leurs morsures brûlantes piquant ma peau
Il ne reste plus de moi que le fauve, l’animal,
La bête qui a mal
Et qui montre ses crocs.
La Colère me terrasse, elle gagne toujours.
Toujours ?
Je voudrais être celle qui s’est relevée
L’offrande, ouvrant les yeux, qui s’est échappée.
Verser des seaux de pluie sur cet incendie.
Me laver du fracas, des cliquetis d’épées
Retrouver la tendresse
D’un bébé juste né.
Dorothée Alliot Gonçalves