SORÈZE 27 AVRIL
Un nouveau dimanche en poésie, "des plus animés et des plus gais", écrit son organisatrice Roselyne Morandi:
Un nouveau dimanche en poésie, "des plus animés et des plus gais", écrit son organisatrice Roselyne Morandi:
GENÊTS ET AJONCS
Dans les genêts,l'enfance joue ;
S'y cache faune des halliers,
Dérangée au creux des terriers
Par un jeune amour, rouge aux joues...
Dans les genêts dorés à point,
Bijoux sertis en la verdure
Ne les dérangeons, car ne durent
Que la vieillesse et l'embonpoint !
Dans les ajoncs, gousses pareilles,
Aux aguets, le prince charmant,
Celui dont rêve follement
La fillette à bouche vermeille...
Elle avance dans les ajoncs
Dans l'ignorance des épines,
En point de mire, on le devine,
L'inaccessible en son donjon...
Germaine CARTRO
Néo-classique
À RENNES- le- CHÂTEAU
C’était par une nuit où le vent en bourrasques,
Essorait les genêts et sentait le fagot
Comme ces exaltés ignorants et fantasques
Qui mêlent le Cathare à l’or du Wisigoth.
De tout son pauvre fer grinçait la girouette
D’un castel offusqué de n’avoir plus de fief,
Et la tour Magdala* lançait sa silhouette
Contre un ciel sombre, lourd, qui gommait le relief.
Je regardais dormir la villa Béthanie*,
Dans la nuit tourmentée, je perçus une voix,
Emma Calvé chantait « L’air de la calomnie »…
On rêve ce qu’on croit, tout éveillé parfois.
Mais qu’espérais-je enfin ? Voir l’ombre de Saunière,
Seule, déambuler sur le long promenoir ,
Où dire dans les bois sa messe buissonnière ?
Quand sauta sur ma jambe un petit matou noir.
Est-ce un oiseau nocturne ou le pan d’une étole
Qui me frôla le front et me glaça le cœur ?
Le félin sous le bras et la cervelle folle,
Je m’enfuis tout trempé de mauvaise sueur.
Le temps passe bien vite et, quand on m’interroge :
« Á Rennes-le-Château, qu’as-tu donc dérobé ? »
Je montre mon vieux chat ronronnant sous l’horloge,
Et je dis, en riant : « Mais…l’âme de l’abbé ! »
Frédéric ROCHE
*Diverses constructions de l’abbé Saunière.
Classique
LE CYGNE
Dans le vieux jardin de la ville,
Tel un galion, l’oiseau blanc,
Dans le bassin, sur l’eau tranquille,
Sillonnait son reflet tremblant.
Sous un grand saule séculaire,
Vêtu de noir, un galopin
S’asseyait près de l’onde claire
Et lui jetait des bouts de pain.
Il extirpait de sa musette
Un crayon noir puis un carnet
Et, se disant humble poète,
Il transpirait sur un sonnet.
Comptant ses pieds, traquant la rime,
Le galopin faisait des vers
Qui racontaient l’oiseau sublime
Glissant seul dans son univers.
Un jour d’hiver glacé, maussade,
On ne le vit pas au jardin,
Il paraît qu’il était malade
Et puis…on apprit un matin …
Mais, dans le jardin de la ville,
Sillonnant leurs reflets tremblants,
On voit sur le bassin tranquille,
Flanc contre flanc, deux oiseaux blancs.
Frédéric ROCHE
Muriel Roiné est née à Brive-la-Gaillarde. C’est à Bordeaux qu’elle entreprend des études de Sciences Humaines et obtient une licence des Sciences de l’Education. Elle vit actuellement à Toulouse.
A travers Nouvelles et poésies, son univers littéraire, tout en sensibilité, dépeint ambiances et scènes telles des peintures tissées de mots où évoluent des personnages mystérieux. Histoires, images et métaphores se succèdent et s’imbriquent invitant ainsi le lecteur à entrer dans un voyage où sa propre imagination sera requise.
Elle a publié:
![]() |
![]() |
ÉPHÉMÈRE
Que jamais ce beau rêve
En son écrin vermeil
Promptement ne s'achève
Octroyant une trêve
À tes sens en éveil
Elle allait sur la grève
Ses longs cheveux au vent
Sur sa parure d'Eve
Frôlant caresse brève
Son beau corps émouvant
L'océan indomptable
À ses pieds en mourant
Effaçait sur le sable
Le songe vulnérable
De ton cœur conquérant.
D. Kirchner
Petite-fille de Jacqueline Escorihuela, Mélanie (14 ans) marche sur les traces poétiques de sa grand-mère. Pour preuve , les deux textes ci-dessous:
Tristesse
Dans ma solitude montent les souvenirs
De toutes nos heures de bonheur,
Dans les parfums mouillés se cache ton sourire,
Pourquoi donc es-tu parti, mon cœur ?
Le souffle léger du vent berce ma tristesse,
Des oiseaux gris tournent dans le ciel,
Le soleil sur ma peau est comme une caresse,
Tes baisers perdus ont goût de miel.
Alourdies par la pluie, les roses ploient leur tête,
Les pensées bleues, en silence, pleurent ;
Les abeilles bourdonnent un refrain qui m’entête,
Pourquoi donc es-tu parti, mon cœur ?
Mélanie PICHON
28/05/2013
Regrets
L’océan est déchaîné,
Il tombe une pluie fine,
Je suis assise là,
A regarder les vagues
Se briser sur les rochers.
La pluie glisse sur mes joues
Et se mêlent à mes larmes
Inondant mon visage.
J’ai froid, j’ai tellement froid !
Tu m’as fait tant, tant de mal,
Tu m’as anéantie,
Des bleus couvent mon corps
Et mon âme, entièrement.
Je reste là, à attendre,
Les yeux noyés de larmes.
Je ne veux pas rentrer
J’ai froid, j’ai tellement froid !
Pourtant, malgré tous ces coups,
Malgré cette souffrance,
Je t’aim’, je t’aime encor.
Je ne reviendrai pas,
Tu sais ; j’ai tellement froid !
Mélanie PICHON
09/02/2014
NAISSANCE
Je plane une heure ou deux devant la page blanche,
Attendant une idée, une image, un seul mot
Qui surviendra tantôt, en pluie, en avalanche.
Soudain une pensée, échappée en sanglot,
Viendra se reposer lentement sur la feuille,
Ou bien l'écarteler, pareille au javelot.
Elle s'emmêlera, sauvage chèvrefeuille,
Dans un enlacement au rythme cajoleur,
Imprégnant de parfum le vélin qui l'accueille.
Les mots s'accoupleront, ils prendront de l'ampleur,
Se laisseront bercer en extase ravie ;
De jolis vers vont naître, au charme ensorceleur.
L'esprit incandescent leur a donné la vie.
D. Kirchner
(Poème primé au concours Croxibi)
LA RONDE DU TEMPS
Je voudrais remonter le temps
Avec ardente frénésie,
Une pointe de fantaisie,
Transformer l'automne en printemps.
Vivre des moments palpitants
Exempts de vile hypocrisie,
Je voudrais remonter le temps
Avec ardente frénésie.
Apprécier tous les instants,
Que chaque jour je m'extasie ;
Demeurer en agérasie,
Apaiser mes désirs latents ;
Je voudrais remonter le temps.
D. Kirchner