IL PLEUT
Avec constance il pleut : des clichés maladifs ;
Le ciel sans nuages revêtit sa parure
D'un uniforme gris, la vilaine fourrure !
Scandalisé, mon chien a de l'eau plein les tifs…
Une inondation en ma tête profile
Un larmoyant futur : mon cœur est un tombeau ;
Aujourd'hui la tristesse oublia qu'il fit beau,
Mais un rai de soleil brusquement se faufile...
Cheveux dégoulinants, éplorés comme moi,
Encollées jusqu'en haut mes bottes éculées ;
Déborde un caniveau : ce sont les « eaux mêlées » !
Danse des parapluies : la ville est en émoi !
La pluie au ciel là-haut a fini son parcours ;
A bientôt ! Février sans le savoir roucoule,
Avant mars attendu, l'eau des nuages coule;
Partez, et revenez, renouveau des amours ;
Soleil, tes chauds rayons, de ces eaux sont voraces !
Plaisamment se dessèche un macadam tout noir,
Qu'une rigole boit ainsi qu'un entonnoir ;
Du liquide inutile, il ne reste que traces ;
Je fredonne en douceur la chanson du sursis ;
" Le ciel est par-dessus le toit, si bleu, si calme,
" Un arbre dans le ciel qu'on voit berce sa palme" :
Ainsi pleurait Verlaine, en son grabat assis ;
Revenez au printemps arroser les fleurettes ;
A la saison nouvelle, en ôtant sans rancœur
Ce que l'ignorance revêtit de noirceur :
Ayez pitié, mon Dieu, des blanches pâquerettes !
Germaine CARTRO le 07/02/17