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                                 MA FLEUR DE PAVOT

     

            

                         Ô  toi ma dulcinée, infante de l’amour

                         Élégante corolle aux teintes sibyllines

                         Ton parfum fait pâlir les roses des collines

                         Et craindre du repos l’impossible retour !

     

                           Voluptueux élans, conscience amollie,

                           Arôme sans égal, miraculeux poison,

                           Ton reflet amarante enivre ma raison

                           Dans le silence fauve et la mélancolie.

     

                           Ma muse s’est pendue au coquelicot noir,

                           Je subis, nuit et jour, son ardeur rougissante,

                           Prisonnier, à jamais, du venin qui me hante,

                           Et cherche dans ses bras la langueur-nonchaloir.

     

                          L’ivresse alors me gagne, obscurcissant ma vie,

                         « Que de jours sans soleil, que de nuits sans pavot » !*

                          Le poète a connu l’esclavage dévot,

                          Souffrant de mille morts l’ardeur inassouvie

     

                         Extase imaginaire au capiteux séjour,

                         Mon cœur reste captif d’un sortilège étrange,

                         Es-tu donc l’avatar du Démon ou d’un ange ?

                         Ô toi ma dulcinée, infante de l’amour !

                                

       

                                                         Mireille TURELLO-VILBONNET

    • Lamartine
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    Chrysanthèmes fleuris, évoquez leur mémoire

    Et la fugacité de notre propre histoire.

     

    2 Novembre : Jour des Défunts

     

    Nous partons, un par un, nous dépeuplons les rues

    Vers le vieux cimetière où des tombes ventrues

    Recueillent quelques fleurs, tristement, humblement,

    Sur le marbre parfois, le granit, le ciment.

    L’assistance d’ici ne se veut point bavarde

    La paix y règne en maître alors l’esprit musarde.

     

    Ils sont partis déjà dans les ombres du vent

    Mais je les sens si près, moi, triste survivant !

     

    Ils n’ont pu s’éloigner, agrippés comme un lierre

    Au cœur du souvenir imprégné dans la pierre.

    Dans l’air environnant, un quelque chose d’eux

    Demeure, à tout jamais, invisible à mes yeux.

    Je les sens près de moi, présences secourables

    Ils sont, de mon parcours, mânes impondérables.

     

    Ils sont partis déjà dans les ombres du vent

    Mais je les sens si près, moi, triste survivant !

     

    Arrive la saison de joindre la cohorte

    De tous ceux que j’aimais veillant à notre porte,

    Le brouillard hermétique en prolongeant le noir,

    Dans ma mémoire égrène un tintement d’espoir.

    Sans crainte de la mort, calme et prête à la suivre,

    J’admire le couchant qui se teinte de cuivre ;

    Là mon corps enfoui dans un terrain fécond

    Reposera sans croire en l’avenir second.

     

    Ils sont partis déjà dans les ombres du vent

    Mais je les sens si près, moi, triste survivant !

     

    Mireille TURELLO-VILBONNET

     

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    OCTOBRE                                                           SONNET

    La rose qui se meurt, au profond du jardin,
    Dans le silence bleu de la lune endormie,
    Craignant la solitude, espère une ombre amie
    Pour éloigner la bise et son souffle gredin.

    Oh ! douleur émouvante ! Ephémère destin !
    Mais la saison s’éveille, apportant l’accalmie,
    D’un rayon, tendrement, baise la fleur blêmie
    Et sera, de ses jours, l’ultime paladin..

    Sous octobre, éperdu, la trémière se penche,
    Frémissant de désir, divine, elle s’épanche,
    S’offre, avec son pétale, en berceau parfumé.

    Et l’on voit, bel accord et tendresse des choses,
    Oublieux de l’hiver, joli frisson pâmé,
    L’automne et la corolle en leurs amours écloses.

     

    Mireille TURELLO-VILBONNET

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    Poésie libérée

     

                         ESTIVALE TRANSHUMANCE

     

    Vêtu d’un lourd chagrin,

    Le tremble de l’automne

    Prend un habit de lune.

     

                                L’autan vient inhumer

                                Les aurores nuptiales.

     

    Les sombres nuages,

    Dans un ultime élan,

    S’enlacent en rouleaux.           

     

                                Sous ses tresses brunes

                                L’héliotrope attend…le glaive !

     

    Au ténébreux appel

    D’une si longue nuit,

    Les essences légères

    Deviennent volatiles

     

                                Et la pauvre cigale

                                De Phoebus, orpheline

                                Va s’habiller d’errance.

     

    Á l’heure des adieux

    Le jardin est trahi….

     

                                Car, avec ton départ,

                                Toi, mon si bel été,

                                S’éteignent, peu à peu,

                                Les couleurs de la vie.

     

    Ô mon été-cratère !

    Mon songe barcarolle,

    Ma flamme….

    Emprisonnée dans un velours de brume…

     

                                   Mireille TURELLO-VILBONNET

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    Ghazel

     


    SEPTEMBRE

    Les feuillus sont surpris par des sanglots perfides.
    En se dissimulant au cœur des frondaisons,
    Le soleil fait cadeau de belles cueillaisons,
    Juste avant de s’enfuir des horizons livides.

    Pour calmer la tristesse et les effeuillaisons,
    Orpheline, la fleur, avant les jours moroses,
    Entonne, du départ, les douces oraisons.

    Septembre nous renvoie au dur néant des choses..
    J’allume, en mon foyer, la lampe du quatrain,
    Admire, à cet instant, le voile aux tons d’airain
    Revêtant l’univers pour ses métamorphoses

    La pluie, inspiratrice, afflue en petit grain.


    Mireille TURELLO-VILBONNET

     

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