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Par spaf mp le 4 Juillet 2016 à 18:00
(quatre-quatre rondelé)
RENCONTRE A LA FETE AU VILLAGE
Houlette à la main, brebis au pacage,
Chêne colossal, sens mon désarroi !
Mon coeur cogne fort, cet amour en cage
Pour un pastoureau galant tel un roi !
Il m'a regardée, un jour, au bocage,
Avec un sourire. On ne sait pourquoi
Légère on se sent pendant la polka,
Houlette à la main, brebis au pacage...
J'entendis soudain, "Petite apsara,
" A-t-il un promis, ce tendre visage ? "
"Tu me répondras, comme il est d'usage !"
Chêne colossal, sens mon désarroi !
Chêne, arrive-t-il par le marécage ?
Surprise, charmée : ici, lui, déjà !
Derrière ton fût, mimant mahradjah,
Mon cœur cogne fort, cet amour-en-cage !
Sans perdre un instant, il me manoeuvra !
Mais n'étant encline au libertinage,
Je réserverai mon seul apanage
Pour le pastoureau qui m'épousera !
Germaine Cartro
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Par spaf mp le 23 Mai 2016 à 14:02
FANTAISIE GOURMANDE
J’aime la fraise et la groseille,
La cerise en pendants jolis,
La framboise… rien qu’en coulis,
Mais sans frein le fruit de la treille ;
Je savoure poire ou brugnon ;
La pomme, que votre sagesse
Épluche, épépine, et dépèce,
Je la croque jusqu’au trognon ;
Quant aux tendres chairs de la figue,
À ses grains menus sous la dent,
Au nectar de son cœur fondant,
La guêpe avant moi s’en fatigue.
Marie-José Bertaux
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Par spaf mp le 10 Décembre 2015 à 18:12
NUIT FACTICE
Dans l’hémisphère sud où décembre s’enivre
Sous l’alizé si doux, d’un ti-punch avalé,
La Matinik1 attend Jésus auréolé,
Céleste heureux présage écrit sur le Grand Livre.
Noël veut, du jumeau2, qu’il se couvre de givre,
Emmielle sa farine et cuise un pain moulé
Aux épices : cannelle, anis vert étoilé,
Quand les joyeux santons, vers la crèche vont suivre.
Filaos et sapins, prêtez tous deux vos bras !
Célébrez l’enfant-dieu sans le moindre embarras,
Face à la mer turquoise ou la cime neigeuse.
Quel site bien choisir, nordique, tropical ?
Toujours brille au-dessus, géante Bételgeuse3,
Inaccessible paix en ce monde bancal.
Michèle GRISCELLI
1 – La Martinique, en créole martiniquais.
2 – L’autre hémisphère : nord.
3 – Etoile supergéante rouge dans la constellation d’Orion.
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Par spaf mp le 15 Octobre 2015 à 07:41
ADIEU
Vous me quitterez, vous aussi ;
Adieu, vos yeux couleur d’eau claire,
Adieu, le rêve de leur plaire,
Adieu, douces mains sans merci !
Rien ne nous appartient ici,
Dit la sagesse populaire :
Vous me quitterez, vous aussi,
Adieu, vos yeux couleur d’eau claire !
Tout s’évapore au vent transi,
Le temps s’affole et s’accélère,
Adieu, tristesse, adieu, colère,
Toi, la crainte, et toi, le souci,
Vous me quitterez, vous aussi…
Marie-José Bertaux
L’adieu
Lorsque je m’en irai dormir dans les nuages,
D’un sommeil d’où mes yeux ne pourront plus partir,
Voisine du soleil dans les grands paysages,
Je volerai, pour toi, son regard de saphir.
Sous les pins parasols, mes ailes de cigale
Rafraîchiront ta peau de leur frou-frou marin.
Je serai voyageuse aux routes sans escale
D’un été que l’oubli cache dans son écrin.Le frisson des voiliers flottant sur le silence,
Te rappelle les plis du foulard de crépon
Que tu m’avais offert, au retour de Florence ;
« Il me protègerait de ce mistral fripon ».Dans l’appel de la mer, dans le vol des mouettes,
Entendras-tu ma voix te dire, doucement,
Ce poème d’en haut jetant les silhouettes
D’étoiles et d’oiseaux, vers ton ciel de froment.Sur terre, coulera, longtemps, notre rivière.
Désormais, dans le sable où se perdent tes mains,
Tu crois toucher mes doigts qui cherchent la lumière
D’un autre jour aimé sous l’odeur des jasmins.En dépit des conseils d’une gamme mineure,
Tes notes de piano picorent, sans répit,
Les alpages du ciel, ma dernière demeure,
Patinés par l’azur d’un rêve décrépit.Mon visage se penche au bord de ta mémoire,
Le souvenir l’emporte à petits pas menus.
Dans l’olivier lustrant son feuillage de moire,
Je t’écouterai vivre en tous nos lieux connus.Marilène Meckler
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Par spaf mp le 23 Juin 2015 à 14:11
DUNES
Aux sèves d’ambre et d’or des oasis de lumière,
Lovés au creux de vos silences,
Vos corps de sel aux embruns d’ocres et de feu,
Chair pulpeuse de fruit mûr,
Frissonnent vers l’impalpable du rêve
Sous la harpe étoilée des vents bleus du désert.
Et vos souffles, jusqu’aux arômes du temps,
Sous les mantes rougeoyantes des ciels d’été
Essaiment les goûts sauvages de l’écume enlisée.
Aux laines vives des manteaux d’aurore,
Les poussières de lune tissent les mâts rosés
De vos grands lits d’ivoire.
Et dans vos vagues chaudes,
S’épousent des fleurs de sable
Sous l’étreinte moirée des soleils ondulants
Jusqu’à l’extase sublimée,
Jusqu’à l’onde mythique craquelée d’azur.
Et vos flots crépitants
Dans cet océan de murmures où se fige la vie,
Dansent au pourpre des limons,
Dénouant leurs chevelures de braise
Dans la blondeur charnelle enlacée,
Abreuvant les jarres des puits oubliés
Aux sources du Monde…
Anne-Marie Vergnes
Vertige
Comme Phénix aux ailes de feu
Tu inondes le ciel de ta lumière
Pareille à cet oiseau fabuleux
Tu décores les nuées de tes éclairs
Te rapprochant plus encore des étoiles
Tu dardes l'espace de tes flammes dorées
Jetant sur le monde un étincelant voile
Illuminant ainsi océans et vallées
Maîtresse éternelle de mes nuits
Que tu embrases de tes chaudes couleurs
J'aime te voir danser avec la pluie
Dont chacune des gouttes reflète tes rougeurs
Pyromane de la voûte céleste
Et de toutes les terres où se fige
Ce que tu frappes, comme la peste :
Ô toi Fulgure, qui me donnes le vertige !
Lorsque j'observe les gerbes que tu lances
Tel un ardent soleil projetant ses rayons
Au milieu des nuages qui s'avancent
Au-dessus d'un monde... en perdition !
Richard MAGGIOREBien le bonjour l'artiste
Le bel astre du jour dans mon oeil s'incrustant,
Un savant médecin je m'en vais consultant,
Heureusement chaussé de ses lunettes noires,
Il s'empare aussitôt de ses fameux grimoires,
Ecoutons bien l'avis du sage praticien
Avec la ferveur d'un rigoureux cistericien.
« Mon ami, me dit-il, un peu de patience,
Et ne faites pas fi de ma vaste science,
Je n'ai jamais rien vu d'aussi blond et vermeil
Logé dans un regard : ce rayon de soleil ! »
Le docteur courageux se mit alors en quête,
D'en faire sans tarder sa plus belle conquête.
En extrayant hélas cet astre radieux,
Foudroyé sur le champ, il monta dans les cieux.
S'il vous arrive aussi, de voir cette lumière
Dans le fond de votre oeil, nul besoin d'infirmière,
Demandez au soleil d'entrer dans votre coeur
Pour bien le colorer, aux teintes du bonheur,
Accueillez le toujours comme un bon aubergiste,
En lui disant heureux : bien le bonjour l'artiste !
Georges Lafon
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