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MA FLEUR DE PAVOT
MA FLEUR DE PAVOT
Ô toi ma dulcinée, infante de l’amour
Élégante corolle aux teintes sibyllines
Ton parfum fait pâlir les roses des collines
Et craindre du repos l’impossible retour !
Voluptueux élans, conscience amollie,
Arôme sans égal, miraculeux poison,
Ton reflet amarante enivre ma raison
Dans le silence fauve et la mélancolie.
Ma muse s’est pendue au coquelicot noir,
Je subis, nuit et jour, son ardeur rougissante,
Prisonnier, à jamais, du venin qui me hante,
Et cherche dans ses bras la langueur-nonchaloir.
L’ivresse alors me gagne, obscurcissant ma vie,
« Que de jours sans soleil, que de nuits sans pavot » !*
Le poète a connu l’esclavage dévot,
Souffrant de mille morts l’ardeur inassouvie
Extase imaginaire au capiteux séjour,
Mon cœur reste captif d’un sortilège étrange,
Es-tu donc l’avatar du Démon ou d’un ange ?
Ô toi ma dulcinée, infante de l’amour !
Mireille TURELLO-VILBONNET
- Lamartine
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