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    La Dépêche du Midi, Haute-Garonne, 20 janvier 2016

    Gérard Laglenne, officier

     

    Gérard  Laglenne, officier des Arts et des Lettres./ Photo DDM, L. M.

    Gérard Laglenne, officier des Arts et des Lettres./ Photo DDM, L. M.

    Gérard Laglenne, poète émérite, a été nommé officier des arts et des lettres, par Fleur Pèlerin, ministre de la culture et de la communication. Cette distinction vient récompenser son travail, son investissement et son amour de la langue française. L'institution des arts et des lettres de France existe depuis 1957. Elle récompense les personnes «qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde». Promu chevalier des arts et des lettres il y a 17 ans, c'est à 87 ans qu'il devient officier. Pyrénéen d'adoption depuis 1958 et Bartain pendant plusieurs années, Gérard Laglenne a fait ses premiers pas poétiques au début de sa retraite. Récompensé à maintes reprises pour ses poèmes lors de différents concours nationaux et internationaux en poésie classique et contemporaine, Gérard Laglenne est un artisan de la langue française. Il est également l'auteur de 25 recueils inscrits à la bibliothèque nationale. Commingeois de cœur, il s'est installé depuis peu à Vals les bains et continue de parler passionnément des Pyrénées et de la langue française.

     
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  •        LÉGENDAIRES AMOURS.

     

     

    Si j’étais, comme Adam, seul sur terre avec Eve,

    Réfrénant un désir plus brûlant chaque jour,

    Je croquerais la pomme et choisirais l’amour :

    Le véritable Éden est celui dont on rêve !

     

    Si j’étais Osiris, mon ange de douceur

    Prouverait que l’amour de la mort reste maître

    En me ressuscitant… Notre enfant pourrait naître,

    Ayant pour mère et tante Isis, ma femme-sœur.

     

    Si j’étais Roméo, l’amant de Juliette,

    Le clan des Capulet me condamnant à mort,

    Nous fuirions tous les deux l’injustice d’un sort

    Transformant en calvaire une idylle discrète.

     

    Si j’étais le beau Tite, ex-débauché romain

    Mais le futur César épris de Bérénice,

    J’abdiquerais sur l’heure, avant qu’on la bannisse,

    Incestueuse ou non, car je briguais sa main…

     

    Criant partout le nom de mon inspiratrice,

    Si j’étais, comme Dante, écrasé de douleur,

    Je laisserais l’Enfer consumer mon malheur,

    Certain qu’au Paradis m’attendrait Béatrice.

     

    Si j’étais Cyrano, « ma » Roxane au balcon,

    J’aiderais de mon mieux Christian de Neuvillette   

    A me briser le cœur en faisant la conquête       

    D’un trop joli minois pour mon grand nez gascon.

     

    Si j’étais Abélard, une vengeance inique

    M’ôterait les moyens de mourir de plaisir

    Dans les bras d’Héloïse, et j’aurais tout loisir

    De regretter, comme elle, un élan platonique…

     

    Quand la vie est banale, on veut l’enjoliver :

    Je ne désire pas des amours de légende,

    Des tourments si cruels qu’il n’est cœur qui se fende

                        Lorsqu’on les cite encor… Mais, ne puis-je rêver?

     

     

     

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                                  L'EUROPE DES POÈTES.

                                                                    

                                  ( Régulière contemporaine )                        

     

    Puisque l'amour de l'homme ignore une frontière, 

    Cela fait très longtemps que sont européens

    Les poètes français,  allemands,  italiens, 

    Et ceux du Benelux,  d'Espagne,  d'Angleterre...

     

    La divine Italie inspira d'Annunzio, 

    Dont le lyrisme intense aurait surpris Horace, 

    Émerveillé Pétrarque et son ami Boccace, 

    Après"l'Enfer"dantesque,  avant Pirandello.

     

    La France de Ronsard prôna le romantisme

    Avec Hugo,  Musset,  Lamartine,  Vigny, 

    Ou la foi de Claudel,  Francis Jammes,  Péguy, 

    Et l'élan d'Aragon vers le surréalisme.

     

    Le"Paradis perdu",  regretté par Milton, 

    Vint de la terre anglaise,  alors pleurant  Shakespeare

    En souhaitant que Keats,  Shelley,  calment l'Empire, 

    Effarouché des mœurs du sulfureux Byron!

     

    La culture espagnole offrit le don mystique

    De Thérèse la Sainte,  ou Lope de Vega, 

    Calderón,  Cervantès,  Tirso de Molina

    Précédant Matado, l'exilé symbolique.

     

    La ballade allemande,  invention de Schiller, 

    Suivit le"sturm und  drang"de Bürger, Jung et Goethe, 

    Puis Heine,  le maudit de l'hitlérienne meute, 

    Put rejoindre au Parnasse Uhland, Zweig et Wagner.

     

    L'Europe aima de même Essenine, Pouchkine, 

    Le polonais Milosz,  le norvégien Ibsen, 

    Les irlandais Swift, Yeats, Synge, comme  Andersen, 

    Cet enchanteur danois de notre âme enfantine.

     

    Bien d'autres noms connus,  tous grands parnassiens, 

    Ont de leur "main à plume"* honoré leur patrie

    En préférant l'entente à l'absurde tuerie

    Et sont donc à leur place aux Champs Élyséens!

     

           *Arthur Rimbaud.

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  •                                          

                            L’INOUBLIABLE AMOUR…

     

     

                           Un souffle de chaleur aux lourds relents d’éviers

    Monte de la mangrove où l’on force un passage,

    Essayant de prévoir le cheminement sage

    Entre les nymphéas et les palétuviers

     

    Le danger peut venir de puants crocodiles

    Enfouissant leur proie au fond de ce bourbier,

    Des boas, du jaguar tombant d’un jujubier,

    Ou des sables mouvants, de venimeux reptiles…

     

    Lors, laissant la sangsue attaquer les jarrets,

    Du regard nous sondons les profondeurs de l’onde,

    Aventurons le corps dans cette fange immonde

    Sans oublier la jungle étouffant ces marais.

     

    Dès qu’émerge un sol ferme, exempt de pestilence,

    Abruti de fatigue, habillé de fucus,

    Chacun s’écroule enfin parmi les hibiscus

    Et la faune, apeurée, alentour fait silence…

     

    Se taisent les aras, quelques oiseaux-moqueurs,

    Les singes curieux, l’agaçante perruche :

    Seuls grognent deux tapirs, amateurs d’une ruche,

    Engageant un conflit dont ils sortent vainqueurs.

     

    -Guetté de l’urubu, lugubre sentinelle,

    J’observe un papillon butineur de pistils,

    Assimilant son vol aux battements de cils

    Qu’avaient ses yeux d’azur jouant de la prunelle…       

     

    Tout parle d’elle encore… A quoi bon voyager :

    Amazone et Garonne évoquent son visage,

    C’est lui que je découvre en chaque paysage,

    Aucun dérivatif ne vient me soulager !

     

    Périr, loin du terroir, n’a plus rien qui m’emballe,

    Autant rentrer chez soi pour y finir ses jours :

    Fuir ajoute au chagrin de mes chères amours

    Réduites à fleurir une pierre tombale…

     

    Par la paix retrouvée au Comminges natal

    Le temps adoucira ma tristesse infinie,

    Et l’obsédant rappel de l’accident fatal

    Qui m’a pris mon soleil, ma fleur d’Occitanie…

     

     

     

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    LES AMOURS TARDIVES...

                                                                                     (Gérardine)

     

    "Il est bien tard, dis-tu, pour vivre un bel amour

    Et nous méritons mieux qu'une brève aventure,

    Une oasis volée avec un brin de cour,

    Car notre coup de foudre est d'une autre nature

    Que l'éphémère émoi de cœurs battant tambour...

     

    Comme toi me déplaît cette caricature

    De ce que font certains des meilleurs sentiments,

    Mais, reconnaissons-le, siège sous la ceinture

    Ce qui sied à l'époux et tente les amants!

     

    Si l'amour vraie * exalte un désir légitime,

    Seul le désir importe aux séducteurs charmants:

    Peu leur chaut les remords, les pleurs de la victime!

     

    Il t'échoit d'estimer qui, jusqu'au dernier jour,

    Offre un écho sincère à l'harmonie intime...

     

    Il n'est jamais trop tard pour vivre un bel amour."

     

                        *"le grand béguin, la vraie amour" Raymond Queneau

     

     

     

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