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Par spaf mp le 29 Mai 2015 à 15:43
LA FÈTE CONTINUE
La Croisette s'éveille, elle n'en croit pas ses yeux,
Elle s'éponge, elle ruisselle, elle a cru voir des dieux.
Le tapis qu'on déroule comme un Saint Sacrement
Attend un vrai déluge aux couleurs de diamants.
Les barrières qui craquent et poussent des soupirs
Annoncent un Festival où l'on doit applaudir.
Ce n'étaient pas les mêmes, ces applaudissements,
Ils attendaient un Prince, Grace avait du talent.
Le mistral qui s'annonce m'emmènera plus tard
Au palais qui domine et nous attend le soir.
Est-ce lui qui empêche de pousser la chanson
À Orange la belle, fait fuir les papes d'Avignon?
C'est Hamlet aujourd'hui qui meurt dans les murailles,
Mais c'est Vilar qui joue, personne ne le remplace.
La foule immobile reste jusqu'à l'aurore,
Simone s'en souvient, elle jouait Casque d'Or.
Le vent qui me pousse vers l'accent du pays
Laisse rouler dans l'air la roche du midi,
Elle nous vient des Corbières puisqu'elles l'avaient choisi.
Y a-t-il chanté Toulouse? Il ne l'a jamais dit.
Mais on croit que parfois on entend vers le soir
Avec la tramontane une bulle de jazz.
Je la déposerai dans un précieux calice
Au milieu des pavés qui l'ont rendue plus libre.
C'est la fête aujourd'hui, c'est le jour de l'été,
Je vous en supplie, laissez-moi encore l'aimer
Même si la rime n'a pas trouvé sa place,
J'en ai connu bien d'autres où l'on rit, où l'on danse,
On n'y est jamais assis, on trinque debout,
Les portes de la ville sont ouvertes pour vous.
C'est Mozart qu'on invite aujourd'hui, même dans le silence
Les murs s'en souviennent, y a-t-il laissé sa manne?
Les cloches de Salzbourg sonnent pour cet enfant,
on ne le savait pas encore, il s'appelait Wolfgang.
Mais tout cela, je sais, vous pouviez mieux l'écrire
Avec de beaux sonnets, alexandrins, je vous admire.
Mais un soir de septembre, je les ai oubliés,
Quand au fond d'une rue j'ai entendu jour
Ce vieux refrain de l'accordéoniste,
Il revenait parfois, il était de l'artiste
Toute habillée de noir, elle ouvrait grand ses bras,
Pour nous donner l'espoir que nous n'avions pas.
Elle parlait de manèges allumés, de lampions,
J'ai changé les paroles mais j'ai gardé le son,
On ne l'entendra pas, il reste dans mes entrailles.
Il me surprend souvent et sans que je m'y attende,
J'entends comme une valse qui donne le frisson,
Avec la musique, elle revient, ma chanson:
Les poèmes continuent,
Ils nous viennent de loi,
Ils nous suivent dans la rue,
Ils n'ont jamais de frein.
Boris Vian les invente,
Ils reviendront demain,
Ils font vibrer les caves,
Celles de Saint-Germain.
Jacqueline Tournier
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Par spaf mp le 22 Janvier 2015 à 14:00
Un soir, la Camargue
Tu es le sable fou
Sur la mer infinie,
Le Sable merveilleux
Où parle le silence,
Tu rougis vers le soir
Quand le soleil s'avance
Vers ce même bonheur
Qui nous avait surpris.
Regarde scintiller
Les crépuscules d'or
Sur le gris broussailleux
Des chevaux de Camargue,
Regarde la lumière
Quand cet enfant s'endort
Dans le creux de ta main
Pour échapper aux larmes.
Tu es le vent sublime,
Tu parles à l'insoumis,
Le vent des religions
Que les gitans jalousent,
Tu retiens la prière
Vers les Saintes Maries,
Tu es la course folle
De l'animal farouche.
Regarde s'envoler
Le vaisseau bleu argent
Dans le ciel poussiéreux
Des terres de Camargue,
Elles nous prennent à la gorge
Dès le premier instant
Comme le vin, le gris
Qu'on appelle des sables.
Jacqueline TOURNIER
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