•  

     

    AOÛT

     

    CANICULE

      

     

    Que fais-tu, dans l’hiver,  loin de nous, petite âme ?

                                 Avatar de Phoebus, ton image apparaît.

                                 L’oiseau cherche, assoiffé, l’abri de la forêt

                                 Pour éviter la mort car la terre s’enflamme.

     

     

    Sur la planète règne une chaleur infâme,

                                Mais toi, petit lézard aux frissons guillerets,

                                Quand souffrent la mésange et les chardonnerets,

                                Ton être ressuscite et, bienheureux, se pâme.

     

     

    Or, la faune requiert un rapide secours,

                                Elle veut éviter le dangereux parcours                       

                                Des trop brûlants rayons de l’implacable été.

     

     

    En contemplant l’humain qui geint et se débraille :

                                Puisqu’il n’a plus le sens de sa boddhéité *!

                                Tu souris, décorant la blanchâtre muraille.

     

      

                                     Mireille TURELLO-VILBONNET

     

    *État qui prône le détachement

                                 (philosophie bouddhiste)

     

     

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  •   Poème en prose

      

    CANTILÈNE

     

    La ténébreuse tour pleure la nostalgie des années-volupté de la folle jeunesse, en secret le donjon a caché tant d’ivresses !

                                 Mais où sont nos amours d’antan ?

     

    Sous le hallier désert, il n’est plus de baisers et l’archer de l’amour murmure l’oremus. Pour répondre aux créneaux éraillant leur complainte, le cri du gypaète endeuille la vesprée.

                                 Mais où sont nos amours d’antan ?

     

    Le pont-levis, chagrin, dans sa décrépitude, déchirant, fait grincer les gonds rouillés de pleurs de nos étreintes mortes. La douve apitoyée verse les larmes vertes de l’impossible oubli.

                                     Mais où sont nos amours d’antan ?

      

     

                           Mireille TURELLO-VILBONNET

                                                    Mai 2013

     

     

     

     

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    Musique de l’exil 

     

    Ont-ils choisi l’exil, les routes incertaines 

    Qu’éclaire le soleil ombreux de l’Occident ? 

    Dans leur cœur vibre encor le long rythme obsédant 

    De  l’archer qui frémit jusqu’aux terres lointaines 

     

    Butinant en chemin pareils à des phalènes, 

    Orpheline, leur âme, ardente cependant, 

    Chante avec passion le tempo trépidant 

    D’un voyage immuable et des amours humaines. 

     

    C’est l’arpège-douleur pour cet esclave noir, 

    Par des tyrans captif , chassé de son terroir 

    Et dont la « note bleue »* exprime la souffrance . 

     

    Pour ceux qui, de leur ciel, furent déracinés, 

    La musique console une éternelle errance 

    Évoquant l'univers où leurs aïeux sont nés. 

     

     

    Marcelle SÉGUI et Mireille TURELLO-VILBONNET 

     

     

    * Littéralement « diables bleus » qui signifie « idées noires » 

    Les chanteurs de blues et de jazz l’utilisent dans leur musique 

    pour exprimer la tristesse et a nostalgie. 

     

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    ESTIVALE TRANSHUMANCE

     

     

     

    Vêtu d’un lourd chagrin

    Le tremble de l’automne

    Prend un habit de lune

     

     

    L’autan vient inhumer

    Les aurores nuptiales

    Les sombres nuages

    Dans un élan ultime

    S’enlacent en rouleaux

     

     

    Sous ses tresses brunes

    L’héliotrope attend

    Le glaive

    Au ténébreux appel

    D’une si longue nuit

    Les essences légères

    Deviennent volatiles

     

     

    Et la pauvre cigale

    De Phœbus orpheline

    Va s’habiller d’errance 

     

    À l’heure des adieux

    Le jardin est trahi…

     

     

    Car, avec ton départ,

    Toi, mon si bel été,

    S’éteignent peu à peu

    Les couleurs de la vie.

    Ô mon été-cratère !

    Mon songe barcarolle

    Ma flamme…

    Emprisonnée dans un velours de brume…

     

     

     

     

     

    Mireille  TURELLO-VILBONNET

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    POÈTE… TOUJOURS !

     

     

    Dès mon âge enfantin, je taquinais la muse.

    Plus m’assaille le temps, plus mon ciel exalté

    Me fait aimer la rime, au point que l’on m’accuse

    De vivre de chimère et de débilité.

    N’aspirant qu’à la paix, je vis dans le silence.

    Je n’ai, lorsque j’écris, nulle prétention ;

    Sur l’arbre, doucement, la feuille se balance

    Et l’oiseau, comme moi, fuit l’agitation.

    Dans ce paradis vert, je m’emmure et m’isole,

    Cherchant l’essentiel m’aidant à composer.

    Le poète est ce fou privé de camisole

    Qui, sur cette planète, exclut de se poser.

    Il semble si lointain, méprise la broutille,

    D’un cœur à cœur de plume, il mène ses travaux ;

    Polymnie, amicale, attend sous la charmille,

    Sème dans son esprit des poèmes nouveaux.

    L’aède : un farfelu qui vogue loin du monde…

    Il contemple, il admire et médite sans fin ;

    Quand il trouve une image, il la chante à la ronde,

    Vivre de métaphore est son unique faim ;

    Alors, pourquoi cesser de commettre ces crimes

    M’apportant le bonheur un peu plus chaque jour ?

    Au fond de l’écritoire où sommeillent mes rimes,

    Je vis l'enchantement d’un authentique amour.

    Ne voyez pas en moi ce fâcheux trouble-fête

    Sans aucune raison voulant le condamner,

    Je m’enivre de vers pour me rasséréner,

    Alors, jusqu’au tombeau, je resterai poète.

     

     

                        Mireille TURELLO-VILBONNET

     

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