-
AU FIL DU TEMPS
AU FIL DU TEMPS
J'ai bâti ma maison à l'écart du chemin.
Nul ne saurait pousser la porte que j'ai close,
Pour ne plus l'entrouvrir qu'au signe de ta main
Quand tu reconnaîtras son vieux voilage rose.
Par les midi brûlants, ici tu trouveras
Des fruits sur la commode à la feuille d'acanthe,
La cruche de grès vert, l'étreinte de mes bras
Glacés par le chagrin d'une trop longue attente ...
Aux jours brumeux d'automne, apporte-moi ton coeur,
Triste d'avoir foulé tant de choses perdues.
Tu verras dans mes yeux luire tant de bonheur,
Alors s'assécheront les larmes répandues.
Aux soirs mornes d'hiver, love-toi près du feu.
La chaude flamme danse et la verveine embaume.
Nous sommes seuls chez nous, approche encore un peu.
Dehors la neige tombe en irisant le chaume.
Quand vient souffler la bise à travers les auvents,
Ma petite maison sans toi, ni feu, ni flamme
Demeure indifférente aux assauts du printemps,
Tes pas, qu'on n'entend plus, résonnent dans mon âme.
Jeanne ENDERLE
-
Commentaires