Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

blog consacré à la poésie et aux activités de la Société des poètes et artistes de France, délégation de Midi-Pyrénées

UNE FORÊT À DEUX PAS DES IMMEUBLES

 Une forêt à deux pas des immeubles



C’est une vraie forêt à l’œil du citadin;
un de ces lieux obscurs où serpente un ruisseau
avec un drap de vapeur flottant sur les eaux,
des troncs de chêne morts allongés sur le dos,
et de toute clairière, à toute heure, l’écho
cafardeux du silence et du cri des corbeaux
sur des baves de mousses et des fils de couvains…


avec trois cabanes que firent de vieux enfants,
des champignons à pois rouges entre les fougères,
joyeux, appétissants, juste un brin léthifères ;
puis, pour qui sait l’ancienne chanson forestière,
au bout d’une laie, la chaumière d’une sorcière,
des drapées de chauves-souris inhospitalières,
une présence et des craquements inquiétants…


puis un lac avec son parvis et son ambon ;
des brochets et des carpes sous les reflets sauvages
d’un plafond confondu de l’épais lambrissage
d’un ciel de foire et d’un long treillis de boisage ;
de-ci de-là les ronds jaunes du balivage,
des piles de bois alignées sur le passage…
et des traces de biches dans la boue des layons.


Cette forêt, en somme, de nos livres d’enfant ;
le sol jonché d’un linceul de feuilles de chêne
la musique sacrée des harpes éoliennes,
un hibou hululant sur la branche d’un frêne ;
ma futaie à la parfumerie faubourienne
où débarque, en repos, la faune plébéienne ;
la voici la forêt où je lâche mes tourments !


Ce n’est pas une sylve, ce n’est pas un bosquet,
mais vous y entendrez le sifflement du bouvreuil ;
juste une forêt où mes affres et les chevreuils
partagent en parfaite intelligence le breuil
loin des feux de la ville et loin et de tout orgueil ;
je tenais ce soir à lui glisser un clin d ‘œil…
trois rimes valent autant qu’un air de galoubet !


José Garrigou
 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article