blog consacré à la poésie et aux activités de la Société des poètes et artistes de France, délégation de Midi-Pyrénées
Néo-classique
À RENNES- le- CHÂTEAU
C’était par une nuit où le vent en bourrasques,
Essorait les genêts et sentait le fagot
Comme ces exaltés ignorants et fantasques
Qui mêlent le Cathare à l’or du Wisigoth.
De tout son pauvre fer grinçait la girouette
D’un castel offusqué de n’avoir plus de fief,
Et la tour Magdala* lançait sa silhouette
Contre un ciel sombre, lourd, qui gommait le relief.
Je regardais dormir la villa Béthanie*,
Dans la nuit tourmentée, je perçus une voix,
Emma Calvé chantait « L’air de la calomnie »…
On rêve ce qu’on croit, tout éveillé parfois.
Mais qu’espérais-je enfin ? Voir l’ombre de Saunière,
Seule, déambuler sur le long promenoir ,
Où dire dans les bois sa messe buissonnière ?
Quand sauta sur ma jambe un petit matou noir.
Est-ce un oiseau nocturne ou le pan d’une étole
Qui me frôla le front et me glaça le cœur ?
Le félin sous le bras et la cervelle folle,
Je m’enfuis tout trempé de mauvaise sueur.
Le temps passe bien vite et, quand on m’interroge :
« Á Rennes-le-Château, qu’as-tu donc dérobé ? »
Je montre mon vieux chat ronronnant sous l’horloge,
Et je dis, en riant : « Mais…l’âme de l’abbé ! »
Frédéric ROCHE
*Diverses constructions de l’abbé Saunière.