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LE MARTYRE DU POÈTE
LE MARTYRE DU POETE
Poète, prends ta plume ! Ah ! que j’aimerais rire !
Pourtant faire des vers demande beaucoup d’art.
J’ai connu ces soucis, ce fut un traquenard
De châtier la strophe ! Aujourd’hui, je soupire…Faire naître un poème est bien embarrassant,
Pouvoir, avec aisance, harmoniser la rime
Peut ralentir l’ardeur qui déjà vous anime
Car le piège imprévu n’est jamais innocent.Un bel alexandrin déjà vient d’apparaître,
Alors je suis joyeux mais…il manque des pieds !
Dépité, je poursuis en maudissant le traître
Et rature, illico, les vers estropiés.J’omets, avec horreur : « l’e » muet de césure !
Quelle solution ? Je vais y réfléchir.
Après tant de travail, je peux vraiment franchir
Le vocable banni, retrouvant la mesure.Mais arrive l’effroi ! Je me suis aperçu
Qu’il me faudrait encor rectifier la rime
Évitant un faux pas qui me conduit au crime
Adieu mon beau quatrain. Combien je suis déçu !Désespéré, contraint d’abandonner l’effort
Le respect des anciens me redonne courage
« Vingt fois, sur le métier, remettez votre ouvrage »
Je me fais violence, y trouve un réconfort.Oui, j’ai le grand plaisir de me trouver vainqueur
En ayant retenu toutes règles drastiques
Qui, convenons-en sont seules mélodiques
Pour apaiser en nous et l’esprit et le cœur.Jeanne ENDERLE
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