• ENTRE LES LIGNES (extraits 3)

    R. BARBAROU

    ENTRE LES LIGNES (extraits)

     

     

     

     

    QUESTION

     

     

    Quand je me remémore

    Les gens qui m’ont aimé,

    Ceux qui m’aiment encore,

    Ceux qui m’ont respecté ;

     

    Ceux qui furent la cause

    De mes plus grands chagrins,

    Ceux qui se disposent

    À me trahir demain ;

     

    Ceux qui sont toujours là,

    En toutes circonstances,

    Qui partagent mes joies

    Ainsi que mes souffrances ;

     

    Ceux qui ont refusé

    De me serrer la main,

    Ceux qui m’ont tout donné

    Quand je n’attendais rien ;

     

    Je me demande alors

    Comment est fait le monde,

    D’où vient ce désaccord

    Aux racines profondes.

     

    Elle est là la question,

    N’en déplaise à Shakespeare,

    Pourquoi y a-t-il les bons

    Et ceux qui veulent nuire ?

     

     

     

    ÉVASION

     

     

    Quand tu décideras de partir en voyage,

    Choisis pour chaque jour un nouveau paysage.

    Ne t’arrête jamais sur ce qui semble laid,

    Mais ne t’attarde pas sur tout ce qui te plaît !

     

    Ne compte pas ton temps, mais surtout n’en perds pas

    Car une vie c’est court et ça ne suffit pas

    À trouver le loisir de parcourir le monde,

    Même depuis qu’on sait que notre terre est ronde.

     

    N’attire pas vers toi ni l’amour ni la haine,

    Ne réponds surtout pas à l’appel des sirènes.

    Laisse la liberté te prendre par la main,

    Elle te montrera le meilleur des chemins.

     

    Regarde devant toi et jamais en arrière ;

    Laisse tes souvenirs se couvrir de poussière,

    Pour éviter ainsi que naissent des regrets

    Et sentir, un matin, des chaînes à tes pieds.

     

    Ne succombe jamais aux tentations perfides ;

    Ne t’encombre de rien, garde tes poches vides.

    Il te faudra lutter pour ce qui t’appartient,

    Si tu es démuni, on ne te prendra rien.

     

     

      

     

     

    ANNIVERSAIRE

     

     

    J’ai fait, pour ton anniversaire,

    Ce modeste petit quatrain.

    Bien sûr, ce n’est  pas du Molière,

    Ni du Rousseau, ni du Machin.

     

    Je l’a fait seul, sans dictionnaire

    Et même sans mon grand frangin

    Qui aurait mis, pour mieux te plaire,

    Des mots qu’on ne comprend pas bien.

     

    Je sais, je n’ai pas le talent

    De maîtriser la poésie,

    Mais plus tard, quand je serai grand,

    Je t’en promets de plus jolies.

     

    J’aurais aimé te couvrir d’or

    Et te parer de beaux bijoux,

    Mais pourquoi pas, sans plus d’effort,

    T’offrir la lune ou le Pérou.

     

    J’ai bien cassé ma tirelire,

    Hélas, il n’en est rien sorti.

    Je voulais pourtant te séduire,

    Voilà ce que je t’ai écrit :

     

    Je ne t’aimais pas davantage

    Quand tu avais un an de moins.

    L’amour ne dépend pas de l’âge,

    Car lorsqu’on aime, on a quinze ans.

     

     

       

     

     

    TOUT BIEN PESÉ, ou les raisins verts

     

     

    Demain, je lui dirai sûrement que je l’aime,

    Que chaque jour qui passe est un jour de perdu,

    Perdu pour notre amour, pour elle et pour moi-même,

    Mais propice à l’oubli et aux malentendus.

     

    C’est aujourd’hui demain ; je lui ai dit bonjour.

    Elle avait l’air pressé et n’a pas entendu.

    Je crois qu’il me faudra attendre un autre jour.

    Mais chaque jour qui passe est un jour de perdu.

     

    Ce matin, par bonheur, je viens de la croiser,

    Je lui ai fait un signe qu’elle n’a pas vu.

    Je crois que je devrais la serrer de plus près.

    Mais chaque jour qui passe est un jour de perdu.

     

    Ce soir, c’est décidé, je pars à sa conquête.

    Si ça ne marche pas je veux être pendu.

    Ce soir on va danser, on va faire la fête,

    Car chaque jour qui passe est un jour de perdu.

     

    Je l’ai vue de plus près ; je la croyais plus belle,

    Mais la beauté n’est pas la seule des vertus,

    Car je me sens si bien lorsque je suis près d’elle

    Et chaque jour qui passe est un jour de perdu.

     

    Quand je lui ai souri elle a tourné la tête.

    Je crois que j’ai bien fait d’avoir tant attendu.

    Elle est aveugle et sourde et en plus elle est bête.

    Tout bien pesé je crois que je n’ai rien perdu.

     

    Car chaque jour qui passe est un jour de perdu.

     

    (Poème mis en musique par Jacques Valade et par Léon  Auriol)

     

     

      

     

     

    RÈVERIE

     

     

    Je sais qu’un jour viendra

    Où nous serons heureux,

    Toi et moi.

     

    Alors nous partirons

    Vers l’océan tout bleu,

    Toi et moi.

     

    Sur la plage, au soleil,

    Nous aurons notre place.

    Le soir nous dormirons

    Dans les plus grands Palaces,

    Oui, toi et moi.

     

    Nous nous promènerons

    Dans un fiacre tout blanc

    Avec un cocher noir

    Portant chapeau et gants.

     

    Nous donnerons des sous

    Aux mendiants de la côte

    Et certains se battront

    Pour nous ouvrir les portes.

     

    Oui, nous la quitterons

    Cette rue dégueulasse

    Et ce ruisseau puant

    Où tu trempes les pieds,

     

    Quand nous l’aurons trouvé,

    Le gros porte-monnaie.

       

     

     

     

     

    LULU

     

     

     

    Tu as bien fait, je crois, d’arrêter la musique,

    Même si l’on en dit qu’elle adoucit les mœurs.

    Tu as cassé ton luth, n’en sois pas nostalgique.

    Va, ne regrette rien, ce n’est pas un malheur.

     

    Je te connais fort bien, ma petite Lucienne,

    C’est moi qui t’ai appris à jouer au cerceau.

    Tu as su nous charmer, comme une magicienne,

    Mais d’autres mélodies naîtront de tes pinceaux.

     

    Symphonies, harmonies, poésies musicales

    Se déclinent aussi en beauté picturale

    Et ont le même don qui fait vibrer nos cœurs.

    Tu maîtrises très bien les couleurs les plus fortes,

    Tu donneras la vie à des natures mortes.

    Crois-moi, nous aimons bien quand tu nous peins des fleurs.

     

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